Le trouble de l'adaptation : S'adapter à la vie
L'anxiété s’est installée tout doucement, mais insidieusement. Toujours omniprésente à chacune de mes journées, elle me suivait partout, entendait et savait tout de moi. Elle me surveillait le jour et tentait de s’emparer de moi la nuit.
Puis un jour, je l’ai ressentie. Elle m’a coupé le souffle.
Elle a commencé à me faire vivre toutes sortes de sensations inconfortables ;
Boules à l’estomac;
Bouffées de chaleur;
Étourdissements;
Sensations d’oppression;
Cœur qui bat vite;
Insomnie.
J’ai pris conscience de ces symptômes l’année de mes 14 ans. Ç'a pris une telle ampleur que, par tous les moyens inimaginables, j’ai tenté d’éviter le plus possible ces signaux. Y’était pas question qu’ils me pourrissent la vie de même!
J’ai commencé à manifester des comportements que je n’avais pas auparavant.
J'avais tendance à surcharger mon emploi du temps, de manière exagérée. Je n’arrêtais jamais! On peut dire que je vivais mes journées sur l’adrénaline. Si je n’étais pas dans le gymnase, à l’école ou au travail, j’étais probablement en train d’organiser le prochain party de gang ou en train de me promener en char de Ville-Marie à Notre-Dame-du-Nord.
J’ai développé la manie de compter. Je calculais presque tout ; mon nombre de pas, de marches dans les escaliers, de tuiles dans les salles de bain, de lettres dans les mots et j’en passe.
Pis un moment donné, ça m’a frappé de plein fouet.
Plus je voulais m’éloigner d’elle, plus je m’en rapprochais.
Ouin, elle m’a bien eue!
J’avais si peur d’elle... c’est exactement ce qu’elle voulait. L’anxiété se nourrissait de ma peur, de mon inquiétude et de mon sentiment d’impuissance. Je réalisais tous ses désirs les plus profonds.

Secondaire achevé, j’ai déménagé dans mon premier appartement, à 17 ans, au-dessus d’un bar, à Rouyn-Noranda. Je voulais y poursuivre mes études au cégep.
La fille de campagne qui part vivre en ville!
Très vite, je m'étais mise à tout appréhender ; les lumières aux intersections, les voitures pis les gens. Plus j’avais peur, plus l'anxiété grandissait en moi. J’ai dû limiter mon nombre de cours, car c’était rendu trop lourd pour moi, mentalement.
Malheureusement, l’anxiété ne diminuait pas, au contraire, je n’arrivais même plus à me rendre à l'école sans être accompagnée. Bien franchement, j’y repense aujourd’hui et je peux encore ressentir cette souffrance en moi...
Mon anxiété a découvert le pouvoir de se transformer en crise de panique.
Consulter urgemment est devenue une évidence pour moi. Le verdict? Trouble d’adaptation avec trouble panique + prescription d’un cocktail de pilules + arrêt scolaire de 6 mois + suivi aux deux semaines.
On m’a fortement suggéré d’en profiter pour me reposer et dormir, chose que je redoutais le plus. Dormir pis faire des siestes… kessé ça? Les mois passèrent. J’étais fatiguée d’être fatiguée. Je n’osais même plus mettre les pieds à l’extérieur. Je faisais juste regarder par la fenêtre et j'en fermais les rideaux.
Ce qui m’a aidé à tenir le coup ; la musique et l’écriture. Je passais mes journées à écouter de la musique et découvrir les nouveaux hits du moment. Je transposais tous mes sentiments et mes ressentis par écrit. Tout discrètement, je faisais vivre mes émotions à travers les différents personnages de mes histoires. C’était ma façon à moi d’extérioriser.
Durant cette période de mon existence, personne n’était au courant de ma condition mentale, ni même la personne avec qui je partageais ma vie.
[10 ans plus tard]
J’ai un trouble d'adaptation aiguë. Je fais de l'anxiété lorsqu’un évènement, un changement ou un stress arrive à l'improviste dans ma vie. Je prends de la médication pour en réduire l'impact sur mon quotidien. J'ai besoin d'un bon temps d'adaptation et beaucoup de sécurité pour me familiariser avec une nouvelle situation. J'ai appris à mieux observer, analyser mes émotions et comment les communiquer aux autres.
Mon cheminement personnel n'aura pas été de tout repos, et ce n'est pas encore fini.
La vie est une suite d'apprentissages continuels!!
Cassandra Lacroix
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