TPL : Tester les autres
De plus loin que je me souvienne, je me suis toujours demandée si les gens autour de moi m’aimaient pour vrai. Plus jeune, je croyais que la seule façon de le savoir, c’était les funérailles. Je rêvais donc secrètement d’orchestrer une fausse mort et espionner pour voir qui se pointerait et qui pleurerait vraiment.
Pourtant, je ne manquais pas de preuves d’amour. Mais déjà je savais à quel point l’amour pouvait être conditionnel, même celui d’un parent, à en voir les nouvelles à la télé. Ceci dit, mes parents étaient extraordinaires, vraiment. Mais au lieu de saisir ma chance, je m’enlisais dans la peur qu’ils deviennent comme ceux aux TVA nouvelles si je désobéissais.
Avec mes amies, ce n'était pas mieux. J’avais si peur d’être échangée telle une vulgaire carte de hockey si je n’étais pas à la hauteur, qu’au final, je me sentais plus comme une soumise qu’une partenaire de jeu.
C’est ainsi que je me suis mise à inventer les scénarios les plus ridicules dans l’espoir, d’un jour, pouvoir les mettre en oeuvre et valider mes relations avec les autres. J’ai grandi avec cette façon complètement malsaine de vouloir constamment tester mon entourage.
Ce n’est que depuis mon diagnostic que je reconnais ce comportement chez moi. Et maintenant, j’essaie d’en voir les signes et de me rationnaliser lorsque l’envie de me blesser ou de disparaître pour voir si on m’aime vraiment s’empare de moi. Pis pour vrai, j’y arrive pas pire bien, même si c’est "tough" de changer une si vieille habitude.
Mais quand tu comprends que la majorité des êtres humains sains d'esprit s’occuperait de toi en cas de blessures ou de menaces de suicide, tu réalises que finalement, ce n'est même pas une preuve d’amour. C’est prêter assistance à une personne en difficulté pis c’est obligatoire. Au bout du compte, c’est pas mal plus de recevoir «le vanille française surprise» qui te fait du bien. Parce que ça, personne n'est obligée de t’en acheter, ce n'est pas un devoir de citoyen!
Laurie
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