Que vois-tu?
“Parfois, l’habit ne fait pas le moine.”
Dans ce texte, tu trouveras une photo de moi. C’est très rare! Genre, sérieusement, je n’ai jamais vraiment voulu mettre mon visage ici, mais pour la première fois, je vais le faire, car je veux te montrer que l’habit ne fait pas la personne. Je veux te montrer que mon visage ne reflète pas mes diagnostics, ni mon vécu, ni mon savoir. Mon visage, c’est celui d’une maman fatiguée et d’une professionnelle qui roule sa bosse depuis une décennie.
Ce que tu vois devant toi, c’est moi au palais des congrès de Montréal lors d’une session photos avec mes enfants. Deux cocos de 10 et 13 ans (où sont passés mes bébés ?!?!) qui ont des caractères bien trempés. Tu vois une femme en surpoids, les cheveux en bataille et les yeux fatigués.
Tu ne vois pas que ce surpoids me pousse à aller chercher de l'aide et apprendre à prendre soin de moi davantage. Tu ne vois pas que, si j'ai les cheveux tout croche et des petits yeux, c'est parce que je peine à me remettre de mes nuits d'insomnies qui ont précédé cette journée.
Tu ne vois pas mon anxiété, ma paranoïa, mon doute et surtout, tu n'entends pas mes petites voix. Tu ne vois pas que, la veille, je me suis endormie aux petites heures du matin parce que je redoutais cette journée «photos». Pendant des heures, je me suis demandée si les photos allaient être belles. Et ces petites voix sont apparues, me disant que j'étais une moins que rien, que je ne méritais pas d'être prise en photo, car je n'étais pas belle, selon les standards.
Tu vois mes cernes, mais tu ne vois pas la fatigue accumulée, l'insomnie omniprésente. Tu vois un sourire, alors tu vois une femme qui te semble heureuse.
Les apparences peuvent tromper !
Je suis heureuse. Ça, c'est vrai. Mais ça m'a pris du temps pour l'être. Ça m'a pris énormément de travail sur moi. Et encore aujourd'hui, pour y arriver, je prends une médication tous les jours dans le but d'éviter de faire des conneries qui pourraient me coûter cher. Ça me prend beaucoup de conversations avec moi-même et de «self-care» pour y arriver. Et des jours, j'échoue, mais je me reprends le lendemain.
Ça me prend également un bon suivi avec un psy. Si tu savais le temps d'attente avant que je puisse avoir accès à une psychologue (en fait, tu dois savoir, parce que vous êtes nombreux à attendre aussi). C'est pourquoi quand tu en as un, tu y tiens! Un psy, c'est comme de l'or en barre. Et l'aide qu'il ou elle t'apporte est comme un souffle de bien-être pour ta tête.
Bref, voyais-tu tout ça dans ma photo? Que voyais-tu, toi, de cette personne?
Allez, je retourne à la routine!
France P.
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