L'hypocondrie : La peur de la maladie
Vous êtes hypocondriaque! Ces trois mots m'ont délivrée de la tonne de briques qui pesait sur mes épaules. Enfin, on mettait un diagnostic sur le mal que je vivais. J'étais soulagée de savoir qu'il existait un mot pour décrire mon état et que je n'étais pas seule.
Si jamais vous ne connaissez pas le terme hypocondriaque, laissez-moi le définir pour vous. Un hypocondriaque est une personne qui a une peur excessive de la maladie. Le mot excessif est très important puisque chaque symptôme, aussi minime soit il, était pour moi, le signe d'une maladie grave. Mal au genou ? Ce doit être un cancer des os. Mal à la tête ? Et si c'était un AVC ? J'avais conscience que mes pensées n'étaient pas rationnelles, mais j'étais incapable de passer par-dessus. J'étais tellement absorbée par ces idées qu'il était difficile pour moi de sortir de la maison.
Mon état ne date pas d'hier. Du plus loin que je me souvienne, j'ai toujours été hypocondriaque. Je ne voulais pas aller à l'école par peur d'attraper quelque chose. Je pleurais tous les matins, suppliant ma mère de me garder à la maison. Si jamais cette technique ne fonctionnait pas, je faisais tout pour aller à l'infirmerie de l'école pour que mes parents viennent me chercher. Mon état s’est calmé pendant mon adolescence. L’hypocondrie est revenue en force au début de l’âge adulte.
L'une des caractéristiques des hypocondriaques est de remettre en doute les diagnostics médicaux. J'ai multiplié les visites médicales pour calmer l'anxiété qui me rongeait. Au début, ça fonctionnait! Je me sentais mieux, mais ce n'était que de courte durée. Et si le docteur était passé à côté de quelque chose ? Et si j'avais mal expliqué mes symptômes ? Ce qui avait pour but de calmer mon anxiété ne faisait que l'exacerber. C'est un cercle vicieux dont il est difficile de sortir.
Ça fait mal d'être hypocondriaque. Ça te serre le cœur. Tu finis par croire que tu es réellement malade, même si tu sais bien au fond de toi que tes pensées sont irrationnelles. Je m'imaginais déjà à l'hôpital en train de recevoir des traitements pour me guérir d'une maladie qui n'existe même pas.
La solitude que je ressentais était très difficile à vivre. Je me refermais sur moi-même. J'avais du mal à en parler à mes proches puisque j'avais honte de moi. J’ai eu la chance d’avoir une famille, des amis et un conjoint excessivement bienveillants et compréhensifs qui m’ont appuyée tout au long de mon cheminement.
Aujourd'hui, je peux dire que mon trouble est contrôlé. J’ai pris la meilleure décision de ma vie en allant consulter. J'ai parfois des rechutes, mais j'arrive plus facilement à me recentrer. Je n'ai plus honte de mon hypocondrie. Elle fait partie de moi et j'apprends à la côtoyer.
À toi qui es hypocondriaque, sache que tu n'es pas seul.e. N'hésite pas à demander de l'aide. Il y a des gens qui sont là pour t’aider. Ne reste pas dans la noirceur. Le soleil brille toujours derrière les nuages!
Marie-Frédérique
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