La voix négative
Elle chuchote, murmure, susurre insidieusement à mon oreille un tas de faussetés à mon égard. Elle baragouine des insultes : « t’es conne de faire, de dire ça... T’es niaiseuse de penser ça… t’es laide… pas intelligente… dégueulasse ». Elle parle au conditionnel : « t’aurais pas dû… tu devrais pas… faudrait pas que… » Elle clive constamment : « t’as échoué, tu ne peux être performante » Elle généralise : « Tout le monde va croire que… tu fais tout le temps l’erreur de… tu feras toujours les mêmes conneries ». Elle spécule pour les autres : « Ils vont dire que t’es pas à la hauteur… ils vont croire que tu ne mérites pas… ils vont penser que… » Elle ne s’attarde que sur le négatif comme si un événement n’avait aucune autre nuance que le noir. Elle me persuade que ce que je ressens reflète la réalité : « je suis stupide. » Elle dramatise. Elle ne nuance rien. Elle me compare constamment aux autres. Elle excelle dans l’art de se cacher un peu partout et de surgir au moindre instant.
Elle pense pour moi.
De façon automatique, elle débite en boucle les mêmes phrases blessantes et invente constamment de nouvelles variantes. Des fois, elle crie ses insanités au point que je n’entends qu’elle. En fait, elle s’assure que je n’entends rien d’autre qu’elle.
Le pire, c’est que je la crois.
Je la laisse s’installer et je ne la contredis pas. Tout ce qu’elle décrète est absorbé comme si c’était la vérité absolue.
Elle a tort.
Je ne suis pas ce qu’elle dit de moi. Je suis mille fois mieux. La voix négative n’est qu’une succession de pensées version trash, mais elles restent que des pensées qui n’ont l’influence que celle je veux bien leur donner.
Je peux me lever et balancer à la voix négative qu’il existe d’autres variantes de l’histoire. Quand je ne vais pas bien, je n’y arrive pas. Je me laisse engloutir par elle et couler profondément… mais parfois, parfois, je lève les yeux et j’arrive à fixer le monde positivement, à me dire qu’il existe mille autres façons de voir le monde.
Je peux la contester et l’envoyer valser : j’ai les ressources intérieures pour le faire, car je l’ai déjà fait.
Je ne veux plus me laisser démolir d’un coup de paroles mentales qui se fondent sur le mensonge, la tromperie et l’inexactitude.
Je veux guérir de mes pensées négatives.
Chloé C.
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