J'ai honte d'avoir honte
On pourrait penser que lorsque tu écris pour un blogue qui met de l'avant l'importance de prendre soin de sa santé mentale, tu n'as pas de jugement interne face aux besoins reliés à ta propre santé mentale.
Lorsque je dis aux gens que j'écris pour Une Tempête À La Fois, je reçois souvent les mêmes réactions. Les gens sont impressionnés de voir que je m'accepte au point de me mettre à nue pour une cause aussi importante. Après tout, ce n'est pas rien d'exposer ses expériences de vie à des milliers d'abonnés et des centaines de lecteurs et lectrices.
Malheureusement, encore aujourd'hui, j'ai honte de prendre soin de ma santé mentale. Et cette honte a fait en sorte que je me suis rendu au bout du rouleau. J'ai poussé ma tête, mes émotions et mon corps à un point de non-retour. Au point où seul le repos est une option, j'ai «pété au frette» comme on dit en bon québécois.
J'ai poussé mes limites. Encore et encore, car j'ai cette croyance en moi où je ne veux pas laisser ma santé mentale précaire contrôler ma vie. Même si mon corps et ma tête hurlaient de ralentir, de prendre une pause. Je faisais comme avec une voiture qui fait un drôle de bruit : je montais le volume de la radio et je jouais à l'ignorante.
Même si j'éclatais en sanglots le soir, car je ne trouvais pas de stationnement sur la rue près de chez moi. Même si je passais deux semaines à ne pas me laver les cheveux, car j'étais vidée de toute mon énergie. Même si je pleurais d'épuisement jusqu'à m'endormir. Même si mon corps souffrait. Même si j'attrapais virus après virus. Même si l'envie de quitter ce monde me passait par la tête. Je continuais de pousser, car j'avais honte de poser mes genoux à terre en disant «j'abandonne».
Cette honte m'a fait négliger beaucoup plus que ma santé mentale. J'ai négligé ma santé physique, j'ai des carences en vitamines, en fer. J'ai tellement négligé de prendre soin de moi que je n'aime pas mon reflet dans le miroir.
Cette honte m'a fait négliger mes relations interpersonnelles. Même si mes amis(es) les plus proches me demandaient ce qui se passait, je ne savais pas par où commencer.
Cette honte m'a poussé à devoir faire le strict minimum pour être capable de survivre. Je vivais sur 3 heures de sommeil sur une bonne nuit.
Chaque jour, je travaille à déconstruire ce jugement que j'ai envers moi-même. Mais c'est tellement plus facile à dire qu'à faire.
Car j'ai tellement honte d'avoir honte.
Loud.
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