Revivre après avoir été contrôlée

Je me disais que ce serait facile. Je ne suis pas restée longtemps dans cette relation, pourquoi aurais-je des séquelles ? J'avoue que je me suis dit que plus petite est la période à la laquelle on est dans une relation toxique, moins «graves» sont les séquelles. J'ai encore une fois voulu minimiser et banaliser ma situation.

La vérité, c'est qu'insidieusement, cet homme contrôlait tout. Et suffisamment longtemps pour que je tombe dans ses griffes, ses habitudes, bref, tout ce qu'il contrôlait. Encore une fois, je me suis dit que je reprendrais ma vie, mes habitudes en un claquement de doigt... Mais non, ce n'est pas aussi facile. Comme du venin toxique, il s'est infiltré en moi et dans les choses que j'aime. C'était si beau dans ma tête, mais ce n'était pas une flamme qui m'a éclairée pour me sortir de mon célibat. Elle m'a surtout brûlée. J'ai honte de ne pas avoir vu avant les signaux, je m'en veux pour tous les biens que j'ai vendus et les achats que j'ai pu faire.

Je sais que c'est temporaire, mais le chemin de la guérison est plus long que je le croyais. Il m'arrive de côtoyer la colère, l'impulsivité, le manque d'empathie, l'impatience intense, le désir de vengeance, les achats compulsifs... Et ce n'est pas moi. J'apprends à gérer le tout, mais quand toutes les sphères de ta vie sont impactées, la mèche est courte. Et si je veux aller trop vite et tout arranger en un coup, je ne réussis pas à garder le cap. Mais ce n'est pas moi de ralentir et de prendre les choses une à une. Je suis normalement en contrôle, et en même temps, ce que j'ai vécu n'est pas normal.

J'ai donc vendu les mauvais souvenirs pour me réapproprier qui j'étais, mais j'ai eu souvent à me demander et à réfléchir si je voulais vraiment quelque chose, ou si une autre me plaisait vraiment. Comment peut-on se perdre à ce point ? Comme il ne prenait pas soin de moi et ne respectait pas mes besoins, j'ai eu une crise d'achat impulsif en objets et en produits pour me faire plaisir. Mais le bonheur procuré était temporaire, un pansement pour cacher le bobo sans le guérir. Il ne respectait pas mon alimentation, et j'ai continué ses habitudes alimentaires sans trop m'en rendre compte. Je me disais que je mangeais bien, mais j'ai réalisé que je n'arrivais pas à reprendre le dessus et reprendre au complet mon mode de vie que j'avais avant et qui me faisait du bien. Quand des choses qu'il a touchées se brisent, la colère monte et je mets tout sur sa faute, comme s'il avait jeté un mauvais sort sur tout ce qu'il a touché. On dirait que je dois refaire chaque sphère de ma vie, avec un cerveau et une mémoire qui ne sont pas redevenus encore comme avant.

Je suis surprise cependant de la résilience qui m'habite, et ma volonté de vouloir transformer cette partie de ma vie en force. Et si tout ne redevenait pas comme avant ? Peu importe, je me dis que je suis encore moi-même, mais dans une autre version avec ce que j'ai appris. Cette épreuve aura peut-être réveillé aussi de vieux démons, mais pour une fois dans ma vie, j'apprends à nommer mes besoins et mes limites, à penser à moi au lieu de tout faire en fonction des autres, que ralentir n'est pas un signe de faiblesse, et que je ne suis pas obligée de rester en position de victime. Ça prendra le temps nécessaire pour reconstruire chaque petit morceau, et je vais m'assurer de construire quelque chose de solide pour retrouver mes projets et mes rêves.

Anonyme