Mon petit anxieux - Lettre d'une mère à son fils
Fiston, mon petit loup, mon bébé. Je t'ai transmis mon anxiété généralisée. Le médecin a beau me dire que c'est une comorbidité, que ça vient avec l'autisme, mais moi, je sais que ça vient de moi.
Quand je te vois te tenir le cœur parce que tu le sens battre trop vite. Quand je te vois respirer par
les épaules, le regard apeuré. Quand je te vois prendre la fuite pour ne pas affronter le «danger». Quand je te vois choisir le mutisme pour ne pas risquer qu'on se moque de toi, alors que tu es si brillant mon petit homme. Dans tous ces comportements, c'est moi que je vois. Maman est pareille, mon minou.
Moi aussi, j'ai le cœur qui s'emballe au moindre petit changement, au moindre soubresaut de la vie. Je perds moi aussi la capacité de bien respirer, comme si la peur prenait toute la place dans mes poumons et que l'air ne pouvait plus s'y rendre. Maman aussi a pris la fuite souvent. J'ai fui le cégep, des opportunités de carrière, des rencontres qui auraient pu changer le cours de ma vie. J'ai choisi la fuite tellement souvent parce que c'était plus simple que d'affronter cette grosse boule qui prenait place dans ma gorge. Tout comme toi, j'ai préféré avoir zéro pour un exposé oral plutôt que de devoir partager mes idées que je pensais être complètement stupides. Ce n'était pas la gêne de parler en public, c'était la honte de mes idées. J'ai toujours préféré écrire que de parler.
Papa, je l'ai charmé en lui écrivant de longs récits à tous les jours, souvent plusieurs fois par jour. Lui partager tout ça en face à face, je n'aurais jamais pu! J'aurais tant préféré que tu sois zen comme ton papa, tu lui ressembles tellement physiquement. Mais non ! Il aura fallu que ce trouble invisible, mais trop présent en moi, se faufile jusqu'à s'implanter en toi.
Je veux que tu saches, mon beau garçon, que ce n'est pas un défaut. Tout comme l'autisme, on se l'est répété souvent, ça te rend différent et merveilleux. Tout le monde est différent, sinon la vie serait plate en mautadit! Ce n'est pas un défaut, c'est un trouble, une maladie qu'on peut vaincre et tu la vaincras.
Tu as de la chance parce que toi, on t'aide depuis déjà 3 ans à vivre avec ce trouble. Maman a dû faire ça toute seule comme une grande et échouer beaucoup trop souvent en tentant de comprendre ce qu'elle vivait. Maman a vraiment obtenu de l'aide quand elle avait 20 ans de plus que toi.
Toi, quand tu auras cet âge, tu seras rendu pleinement outillé, peut-être même que tu ne seras plus anxieux! J'y crois! Je crois en tes capacités à faire face à tout ça, mon amour. Tu es plus fort que tu le penses. Au fils des années, ta confiance en toi va grandir de plus en plus, et tu vas y arriver, mon bébé. Maman sera toujours là pour t'aider, parce que je sais exactement ce que tu ressens.
Peut-être même qu'un jour, c'est toi qui ancreras tes yeux dans les miens pour m'aider à garder le cap et reprendre une respiration normale. Saches que même si l'anxiété faisait partie de ta vie pour toujours, ce ne serait pas grave. Maman y arrive. Il y a des journées plus difficile que d'autres, mais quand tu es bien entouré et que tu as les outils, tu peux y arriver. Les outils, tu les as déjà, faut juste apprendre à bien les utiliser.
Je t'aime,
Maman
Virginie
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