Mon père et ma santé mentale
On entend souvent que nos parents, on les a seulement en un exemplaire. Et c’est vrai ! La vie de famille c’est beau…mais pas toujours. Je ne pensais pas qu’un jour, une situation en particulier ferait en sorte d’affecter ma santé mentale. Après tout, ce sont nos parents. On voit cette relation comme sécuritaire…parfois trop quand on arrive à l'adolescence. Durant cette période, nos opinions se dressent, nos croyances se forgent, mais nos parents restent. Quelle est ma position d'enfant quand rien ne va plus entre eux ?
Ce que j’avais vu venir arriva. Mes parents se sont séparés, la maison a été mis en vente. C’était pour le mieux, mais cette étape, même étant jeune adulte, n’est pas si facile. Je n’habitais pas dans la même ville avec les études, mais eux n’étaient pas déménagés si loin l’un de l’autre. Au début, je faisais la route et je pouvais voir les deux. Pas en même temps, un après l’autre puisqu’une relation amicale entre eux n’a pas été possible. La culpabilité et l’anxiété ont commencé à se faire sentir avec le temps. Quand j’allais voir un, mais pas l’autre, je ne me sentais pas bien. J’avais besoin de tout faire de façon égale, comme si les deux allaient se parler après, alors que ce n’était pas le cas. Je me faisais des scénarios et j’ai commencé à anticiper chaque visite. C’était plus fort que moi. Je revenais chez moi et j’étais vidée de mon énergie. Les discussions n’étaient pas toujours agréables, mais je me disais que j’étais leur fille et que je devais être là pour les écouter dans l’adaptation de leur nouvelle vie chacun de leur côté.
Le temps a fait son œuvre, mais pas du côté de mon père. Je me sentais souvent triste pour lui, et j’ai tenté de lui venir en aide le plus possible. Il se plaignait souvent de manquer d'argent, de ne pas être satisfait de son apparence, alors qu’il avait de belles personnes autour de lui pour lui venir en aide et le soutenir. Mais il faisait des choix qui n'étaient pas alignés avec sa réalité et ce dont il se plaignait. On ne voyait pas cela de la même façon. J’ai commencé à espacer les visites, mais plus je le faisais, plus l’anxiété et la culpabilité me rongeaient. La fatigue et le manque d’énergie se faisaient sentir, mais je me disais que c’était normal. Je faisais beaucoup de choses pour lui, mais lui, il ne voulait pas aller de l’avant. Le type grand parleur, petit faiseur. J’ai travaillé fort pour le faire progresser, mais c’était moi qui s’épuisais à le faire. Il ne voyait pas les choses que je faisais pour lui. Aux yeux de sa famille, j’étais une fille ingrate. C’est à ce moment que j’ai coupé complètement les ponts avec lui. Autant je me trouvais ingrate, autant c’était un peu un soulagement de couper des liens toxiques. Je me sentais coupable de constater tout ce poids qui n’était plus sur mes épaules, cette libération émotionnelle. J’ai fini par comprendre que je ne pouvais pas aider quelqu’un qui ne veut pas s’aider. J’ai également compris que je devais exercer un certain lâcher-prise sur les choses dont je n’ai pas le contrôle. Même des liens familiaux peuvent se briser…mais ce n’est pas obligé de mal se passer !
La vie et le temps ont fait leurs chemins, il faut regarder vers l’avant. Mon beau-père est comme le père que je n’ai pas eu. Aujourd’hui, lui et ma mère sont mes parents. Nous avons une belle relation saine et équilibrée. Ce sont ces beaux liens de cœur que nous devons privilégier, malgré les différents chemins que la vie peut nous faire prendre. Une bonne amie peut être comme une sœur, la mère d’une amie comme la nôtre. Ces personnes autour de nous qui sont synonymes de bonheur sont précieuses. Nous n’avons pas toujours le contrôle sur ce qui peut se produire dans la vie. Mais nous avons le contrôle sur notre attitude. Chaque pierre qui se dresse sur ton chemin peut faire mal, mais elle est aussi une occasion de se reconnecter à ce qui nous fait du bien, faire ses apprentissages et à les placer une après l’autre afin d’en faire un nouveau chemin en accord avec notre bien-être.
Mérédith
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