Lettre à mon meilleur ami d'autrefois
Des années se sont écoulées depuis notre rencontre. De l’âge de l’innocence, aux premières peines d’amour, en passant par les idées de folie inimaginables que seul nous deux pouvions faire.
C’est comme si je savais déjà que cette rencontre allait changer ma vie. Comme si je savais déjà qu’il allait jouer un rôle dans ma vie à partir de ce moment précis. Des amis, au courant d’une vie, on en rencontre plusieurs… mais il y a des liens qui se forment avec certaines personnes qu’on n’arrive juste pas à expliquer. C’était le cas avec lui. Certains diraient que c’est le « feeling » du premier coup de foudre amical. Moi, je pense que c’est juste le jour où j’ai compris ce que c’était d’aimer une autre personne autant que soi-même. Un peu comme on voit dans les films; deux amis inséparables depuis leur plus jeune âge.
Mais je ne me sentais pas à la hauteur… je l’ai toujours su. Avec le temps, je crois que c’était peut-être un effet miroir, je n’avais simplement pas confiance assez en moi-même, en ma valeur et en ce que je pouvais réellement offrir à l’autre. Je n’étais pas à la hauteur de moi-même donc je n’étais pas à la hauteur d’une personne qui me ressemblait.
Et lui, toujours là à répondre présent quand je pleurais, jusqu’à ce qu’il en ait assez. Et quand c’était l’inverse, que j’aurais pu changer le monde avec mon sourire, on dirait que ça l’effrayait. Je n’ai jamais su quoi en penser. Notre amitié s’est souvent résumée à 2 aimants qui se repoussent. Mais c’est que je me voyais tellement à travers lui. À travers son charisme, son leadership, et à travers l’être incompris tout entier qu’il était.
Je voyais mes qualités, mes forces et mes faiblesses en lui. C’est « challengeant » d’avoir à se confronter à travers les faits et gestes de quelqu’un d’autre. J’aurais aimé qu’on soit inséparable, qu’on puisse toujours compter sur l’autre peu importe, qu’on traverse les étapes de la vie complexe comme elle peut l’être ensemble. Être heureux pour l’autre lorsqu’il se marie, et pleurer ensemble quand le deuil d’un être cher fait surface.
Je n'arrive pas à comprendre le but d'une amitié de temps en temps, et ça me déchire le cœur à chaque fois. Est-ce que la vie essaie de m'apprendre quelque chose ? Pourquoi la jeune fille de 11 ans savait que j’avais besoin de cette personne dans ma vie, mais que ça fait si mal à chaque fois, même encore aujourd’hui, lorsqu’il choisit de reculer. C’est égoïste d’abandonner. J’ai essayé de me détacher, essayer de faire comme si c’était normal et que de rien était. Mais on est quand même revenu au même point de départ, où est-ce que je n’ai encore pas de réponse et que je suis encore laissé sur un silence radio, à ne pas comprendre pourquoi il joue au yo-yo avec nous. Je sais qu’une partie de la réponse est là. Est-ce que c’est moi inconsciemment qui l'ait poussé à perdre confiance?
Ça me hante souvent, et ça me manque aussi, mais la vérité c’est que y’a-t-il vraiment quelque chose que je peux y faire…
Je me demande souvent si c’est pareil pour lui, s’il trouve cela confrontant, s’il ressent les mêmes choses, que nos conversations, nos fous rires et nos disputes lui manquent, que ça lui fait peur et que c’est pour ça qu’il s’éloigne à chaque fois…
Mais le plus drôle, c’est que j’écris ces mots aujourd’hui, sans même savoir s’ils se rendront à ses yeux un jour. Peut-on seulement être ami et cesser les hostilités une fois pour toute?
Et sache que même dans l'incompréhension totale, mon cœur aura toujours une place pour que tu me rendes visite.
-IsabelleL
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