La tête dans le sable
En 2019, un de mes proches avait une santé fragile. Elle était souvent malade, faisait des migraines à répétitions et des douleurs corporelles, dormait de façon excessive, avait perdu énormément de poids et tous ces facteurs faisaient qu'elle devait souvent s'absenter de certains endroits.
Je lui ai donc parlé de mon inquiétude envers son état de santé. J'étais persuadée qu'elle souffrait d'une mononucléose à ce moment. Après des mois à tenter de la convaincre, elle a accepté finalement d'aller à l'hôpital pour consulter un médecin, à la condition que je l'accompagne. Ce que j'ai accepté tout de suite, sans me poser de questions.
La salle d'attente et le triage plus tard, je me souviens encore de la sensation dans mon corps lorsque le médecin à prononcer les mots "Vous n'avez jamais pensé que vous n'étiez pas malade physiquement, mais «simplement» en dépression?".
Je me souviens l'avoir regardée, en ne comprenant pas tout de suite ce qui se passait. Je la voyais simplement hocher la tête en pleurant. À ce moment précis, je me sentais impuissante, mais surtout ignorante. Je ne pouvais pas croire que ça m'était passé sous le nez, tout ce temps, ayant moi-même un diagnostic similaire.
J'avais l'impression d'avoir échoué comme alliée dans sa bataille. De ne pas avoir été assez à l'écoute pour elle, de ne pas l'avoir assez aidée à surmonter les épreuves.
Souvent, les gens croient que lorsque nous souffrons d'un trouble en santé mentale, nous avons un radar pour détecter certains symptômes chez une autre personne ayant le même trouble ou un trouble semblable. Et je croyais à ce mythe.
Et pourtant, aujourd'hui, je relis les symptômes décrits plus haut et je suis consciente que j'avais la même condition physique, à quelques exceptions près, lorsque j'ai passé mon séjour à l'hôpital. Je réalise que, probablement, puisqu'il s'agissait d'une personne très proche de moi, je vivais dans le déni.
Car, on va se le dire, on essaie souvent de protéger nos proches face aux situations que nous avons déjà vécues ou que nous vivons. Et parfois, on se dit que ça ne leur arrivera pas, car on va tout faire pour empêcher ça.
On se met la tête dans le sable.
J'ai appris, avec cette personne, que je ne devais pas faire de sa situation quelque chose de personnel. J'ai appris à lui partager mes trucs, mes difficultés et à mieux entendre les siennes.
Peut-être, qu'au final, c'était ça, le support dont elle avait besoin, l'oreille qu'elle souhaitait avoir lorsqu'elle sent qu'elle touche le fond.
- É.
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