J’en ai marre d’être résiliente
Oui, vous avez bien lu. Il m’arrive d’en avoir marre d’être une bonne personne, mais aussi d’être résiliente. Je vous entends déjà me dire: « mais voyons, ce sont de belles qualités !». Oui je le sais. Mais y’a des fois où ça sert de phrase facile pour les autres lorsque tu vis des choses plus difficiles.
« Voyons tu es une bonne fille, tu le sais, ne t’en fais pas ! »
« Tu as une belle résilience, ça va passer, tu verras tu as déjà passé à travers plein de choses! »
« C’est moins pire que d’autres, toi c’est rien, tu es résiliente! »
« Tu n’es pas assez indulgente, pourtant tu es une bonne personne! »
« C’est toi qui a choisi alors endures, tu es faites forte de toute façon! »
Je le sais, encore une fois, ce sont des phrases un peu maladroites de personnes qui ont de la bienveillance ou qui ne savent pas t’entendre. On se dit que nos proches nous connaissent et qu’ils doivent avoir raison. Mais je suis une personne hypersensible, lorsque je capte quelque chose, je mets tout de suite la faute sur moi, et ça me rend triste. J’ai besoin d’un peu plus que d’autres pour que certaines émotions passent. Et ça, ben ça pèse lourd dans mon petit cœur et dans ma tête. J’ai vécu des choses à l’adolescence qui ont malheureusement impacté ma vie, et je travaille aujourd’hui à placer chaque petite pièce du puzzle pour être enfin celle que j’ai toujours voulu être au fond de moi. Un genre de secret bien gardé, et lorsque le puzzle se forme petit à petit, et bien ton entourage ne comprend plus rien. Aurais-je assez de résilience pour passer au travers ?
Avoir de la résilience, c’est bien, oui. J’ai aucune idée d’où elle vient en fait, car on me voit souvent comme la petite femme douce, sensible, fragile et discrète. La vérité, c’est que j’aimerais arrêter de vivre des événements et des émotions difficiles pour ne plus avoir à me servir de ma résilience. Parce que ça m’épuise de m’en servir. Ça m’épuise de voir qu’on banalise ce que je peux vivre et qu’on me compare. Ça m’épuise qu’on me dise que je vais vite me relever comme d’habitude, ça me met une pression de devoir faire encore plus vite et de ne pas pouvoir me permettre que parfois ça puisse être plus long m’en remettre. Je sais, c’est sûrement dans ma tête tout ça et je m’inflige moi-même cette pression.
Depuis un peu plus de deux ans, j’ai l’impression que la vie me met à rude épreuve, me challenge pour réveiller en moi tout ce qui doit se révéler, me donne plein de jambettes afin que j’acquiert plus d’expérience de vie pour avoir les munitions nécessaires pour mener à bien la guérison plus officielle de tous les squelettes que j’ai déterré. Que je puisse aussi travailler à mener à bien mes projets et mes rêves. Alors oui, j’avoue que j’aurai encore besoin de ma résilience. Mais j’aimerais tout de même avoir un peu plus de douceur pour pouvoir vivre une période plus calme, sans besoin de panser encore des blessures, sans avoir à douter, et me sentir en sécurité et en confiance pour la suite.
Mérédith
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