Estime de soi : Cette impression de toujours se faire critiquer

Toi, qui ne fais que me regarder, es-tu en train de me critiquer ? Je suis sûre que oui et ça me tue vraiment. J’ai lu Harry Potter, et je connais tout des sorts informulés alors les critiques informulées c’est la même chose. T’as qu’à me fixer, sans dire un mot et voilà, c’est assez pour me reprocher quelque chose que j’ai accompli ou non. Ou que j’ai mal réalisé. Ce serait à toi de me le communiquer. Mais comme tu ne dis rien, c’est dans ma tête qu’à toute vitesse, j’analyse mes moindres gestes pour deviner ce que j’ai commis de pas correct. Et des griefs contre ma personne je suis une experte pour m’en coller.
Ça serait tellement plus facile si tu me dévoilais ce qui va de travers. Mais non, tu restes là en silence. Et ça me stresse. Je m’examine physiquement et psychologiquement, je scanne mes actions passées et présentes. J’opte même parfois pour le futur d’un coup que tu m’en voudrais pour quelque chose que j’aurais envie de faire. Et certaines fois, je ne vois rien du tout. Maintenant, ça m’arrive, quand je me sens courageuse, je vais à ta rencontre et je te demande : hey, j’ai-tu fait de quoi de croche ? J’attends le verdict avec malaise. La plupart du temps, tu réfutes : « ben non, au contraire, t’as rien fait de mal » ! Au mieux, toi, t’étais dans la lune, au pire t’avais pogné le fixe… moi dans ma tête, j’étais déjà dans les scénarios catastrophes depuis un bon bout de temps.
Le plus angoissant par contre c’est quand ta réponse, c’est : Ouinnnn, faut que je te parle…” Alors j’ai juste envie de te crier dessus : «faut que tu me parles de quoi ? Oui, je sais. Je suis un désastre ambulant, je fais mal les choses, j’ai merdé… c’est ça que tu veux que je te dise?» Et ça, avant même que t’ouvres la bouche pour m’expliquer ce qui ne va pas. J'aime mieux prendre de l'avance sur les critique tant qu'à me démolir au passage, parce que moi les critiques, je ne les digère vraiment pas. J’aimerais ça entendre le positif et le constructif dans chacune d’elles, mais ma voix intérieure, celle qui détruit constamment mon self, m’empêche de le faire. Tout de suite, elle saute à la case : "tu ne vaux rien, si tu passes go, ne réclames pas 200$ à la limite va directement en prison."
La critique s’attaque instantanément à mon estime. Je le prends personnel. J’en perds mes moyens. Au fond de moi, je suis convaincue que je ne vaux plus rien parce qu’on me reproche UNE chose.
J’oublie que c’est l’opinion d’un individu et non pas de l’humanité.
Que même si cela peut être vrai, ça n’efface pas mes qualités, et le fait que je suis aussi une bonne personne.
Que des erreurs, ça arrive à n’importe qui et que oui des critiques peuvent être positives ET constructives.
J’oublie aussi que dans Harry Potter, même avec les sorts formulés, il y a des contre-sorts pour se protéger et parvenir à ne pas être blessé… un peu comme avec la critique. J’ai bien besoin de développer un de mes contre-sorts et celui-ci s’appelle l’estime personnelle. Avec une meilleure estime, le regard de l’autre n’ébranlerait pas mes fondations.
Alors je serais en mesure d’évaluer les bonnes critiques, laisserais de côté les autres et surtout, je n’anticiperais pas celles qui n’existent que dans ma tête. Je serais aussi beaucoup moins sur la défensive quand quelqu’un voudrait m’aborder pour me parler de points un peu plus crunchys. Enfin bref, je respirerais mieux.
Alors, toi qui me regardes, dis-toi que si j’avais une meilleure estime, ça ferait toute une différence. Je pourrais même considérer que tu t'attardes sur ma personne pour une toute autre raison que pour m'engueuler. En attendant, ça se peut que ton regard m’angoisse. Même si t'es mon boss ou ma stagiaire. Même si t'es mon ami ou mon frère. Même si t'es une inconnue ou mon voisin. Et même si t'as 89 ou 6 ans. Fille ou garçon. Je ne fais aucune discrimination avec la potentielle critique.
Chloé C.
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